Les rites funéraires des moines Sokushinbutsu du Japon figurent parmi les pratiques les plus exceptionnelles. En effet, si on attend habituellement la mort de la personne concernée pour commencer les rites, pour ces moines, ceux-ci commencent dès leur vivant, du moins, en ce qui concerne les préparations physiques et mentales. Découvrez dans cet article une audace au-delà de l’imaginable de ces moines.
La momification, une culture très répandue
Quand on évoque la momification, on pense souvent à l’Égypte. Cependant, cette pratique est répandue dans d’autres pays, comme en Amérique du Sud et les pays orientaux comme le Japon.
Le bouddhisme radical, à l’origine de cette pratique
La momification des moines Sokushinbutsu est une pratique bouddhiste, plus exactement d’une branche du bouddhisme Shingon fondée par Kobo-Daishi. Elle a pour but de préserver le corps de la décomposition. Selon les croyances, la conservation de la chair permettrait d’atteindre la sagesse extrême, d’accéder au paradis du Bouddha Amida et d’assurer une meilleure réincarnation.
Cette momification a surtout été pratiquée jusqu’au XXe siècle, bien que le gouvernement japonais a interdit sa pratique depuis le XIXe siècle. En effet, elle est considérée comme une forme de suicide, chose interdite au Japon.
La pratique de la momification Sokushinbutsu
Contrairement aux habitudes de la momification, celle des moines Sokushinbutsu a lieu plusieurs années avant la mort. On parle également de momification naturelle. En effet, dans la religion bouddhiste, la momification artificielle comme celle des Égyptiens était interdite.
Le processus de momification consistait à débarrasser le corps de toute substance et matière qui accéléreraient la décomposition du corps après la mort.
Le début du processus
La momification des moines Sokushinbutsu a lieu plusieurs années avant la mort. Elle commence par un régime alimentaire austère. Le prétendant se retire dans une grotte et n’ingère que des noix et des graines, en pratiquant des activités physiques intenses. Cette première phase dure 1 000 jours et permet au corps de se débarrasser des graisses qui accélèrent la putréfaction après la mort.
Un régime plus restrictif
3 ans environ après la première phase du processus, le moine s’engage dans un régime alimentaire drastique. Pendant 1 000 jours de plus, il ne se nourrit que de racines et d’écorces. Cela permet de débarrasser le corps des fluides corporels, qui sont également à l’origine de la décomposition du corps.
L’empoisonnement du corps
Après cette série de 1 000 jours de régime austère, le moine empoisonne son corps pour le protéger des insectes nécrophages. Pour ce faire, il devait boire la sève de l’arbre urushi. La toxicité de celle-ci causait des vomissements et permettait ainsi de compléter le processus de déshydratation du corps.
Le cloisonnement
Une fois le processus terminé, le moine est enfermé dans un petit espace. Dans ce cas, 4 murs sont érigés autour de lui. Il y restera jusqu’à la fin de sa vie, en position du lotus. À ce stade de la momification naturelle, le moine est relié à des clochettes qu’il fait retentir chaque jour. Quand ces clochettes cessent de sonner, la momification est achevée et la tombe est celée pour éviter la présence d’oxygène qui accélère la décomposition.
Environ 1 000 jours après le processus, les moines condisciples rouvrent la tombe pour s’assurer que le processus de momification a bien fonctionné avant de refermer la tombe pour toujours.
Les moines Sokushinbutsu de nos jours
Le processus de momification naturelle est particulièrement difficile. Entre le XIIe et le XXe siècle parmi des centaines de tentatives de momification, 24 seulement ont réussi. De nos jours, la pratique de cette momification a complètement cessé. Cependant, il est toujours possible de contempler 16 de ces moines Sokushinbutsu. Ils sont situés dans des temples, dont la plupart sont dans la région de Tohoku et sont vénérés par certains.
